A contre temps
J'ai du désespoir qui se ballade quelque part sous ma peau et qui court dans mes vaines certitudes... Comme une marée de brisures, ses lames me laminent l'âme... Ressac... Mise à sac, à sacrifice sur l'autel maudit des amours somnambules... Errance d'un vague à l'âme aux parfums alourdis des torpeurs fiévreuses de mes sommeils fracturés...
Les mots prennent un ticket
Au vestiaire de l'ennui,
Pour passer la nuit, en fraude,
La frontière de mes yeux...
Des mots nés en contre jour
Aux heures fragiles
Des espoirs avortés...
Des mots en lunettes noirs
Pour passer incognito
Le portique des aveux...
Quand sur les draps de satin noir des nuits parallèles, les mains cherchent, fiévreuses, les contours d'une insaisissable image, alors naissent les empreintes crépusculaires des soupirs... Des soupirs au souffrir, en sous-main, les heures blêmes s'archivent au sablier du temps perdu, dûment décompté du capital initial...
Le temps
Comme une conjugaison de l'absurde
Distord nos destins sur la portée bleue
De nos symphonies inachevées...
Le temps
Ce serviteur méthodique de la mort
Qui décompte les heures
A tombeau ouvert....
Obsédante psalmodie venue du fond des âges... Long cri d'agonie à l'heure où s'ouvrent les tombeaux dans le contre-jour des révoltes... Sur la portée de mes nuits blanches, se posent à contre temps les accords mineurs de mon intérieure mélodie... Chant des signes sur le champ des possibles...