Le dernier couloir
Il est dans le monde des mains exsangues crispées sur les barreaux du désespoir carcéral et qui attendent... Indéfiniment... Des bruits de pas dans les couloirs sinistres pour des exécutions en catimini aux petits matins blêmes... Il est des bruits insoutenables sur le dallage des prisons lorsqu'un homme meurt sous le couperet de l'erreur judiciaire...
Combien de têtes tombées dans la sciure ?
Combien d'agonies sous l'injection létale ?
Sous l'acier aveugle,
Au bout de la seringue,
Au bout du canon
Ou sous les pierres,
Combien de corps fracassés sous les balles ?
Combien de fausses solutions à la souillure ?
Que ceux qui osent donner la mort lèvent leurs mains tachées de sang pour boire à la coupe des bien-pensants... Accusé, ne vous levez surtout pas ! Vous êtes peut-être le pire des salauds mais jamais l'élimination du criminel n'a éliminé le crime... Il est encore des nostalgiques de la charrette et du lynchage, du châtiment suprême... Savent-ils ce que c'est qu'une telle mort ?
Savent-ils la douleur de la femme lapidée ?
Savent-ils la brûlure fulgurante dans les veines ?
Dans ma tête résonne
Le bruit de celle qui tombe,
Qui roule... roule... roule...
Dans mon cœur palpite
Un flot de sang qui s'enfuit
Qui coule... coule... coule...
Cette nuit, des hommes attendent... Ils sont là dans ma nuit, muets de douleur, les yeux déjà ailleurs, morts en instance, fantômes terribles qui me hantent et m'obligent à crier... Mon cri se perd en échos obsédants au fond des couloirs interminables de l'attente... Ma nuit est tachée du sang de ceux qui, ne vous en déplaise, sont encore des hommes...