La porte des ombres

Publié le par Antine@


La nuit avait une parfum de voyelles en deuil et les bras morts des branches dénudées tendaient au ciel lourd les plaintes muettes de leurs désespoirs. Je l'avais aperçue par hasard mais l'empreinte noire qu'elle avait laissée dans mes yeux ne cessait de me hanter, de m'appeler... Elle était là maintenant devant mes yeux apeurés, insinuant dans mon cou un souffle glacé...


                        Fenêtre brisée

                        Par les assauts des vents en partance

                        Fenêtre ouverte

                        Pour les épousailles d'âmes en errance...


                        Fenêtre blessée

                        Par le long lamento des désespérances

                        Fenêtre offerte

                        Pour devenir l'accueil des souffrances...              


Griffes démesurées montant des entrailles de la terre, de longs serpents noirs la tenaient prisonnière, vampirisaient ses charmes passés, laissant sur son visage les cicatrices sombres de leurs baisers venimeux. Aux fenêtres éborgnées, des ombres dansaient et posaient sur moi les regards vides de leurs orbites caverneux...


                        Ombres inquiétantes

                        Comme les projections de mes tourments

                        Ombres démesurées

                        Comme des linceuls aux bras accueillants...


                        Ombres palpitantes

                        Comme d'un cœur les ultimes battements

                        Ombres désabusées

                        Comme des messagères du renoncement...


Longues heures de contemplation oppressante où, pétrifié d'angoisses souveraines, les yeux rivés à cette porte mangée de lèpre noire, j'écoute les antiennes obsédantes d'un requiem inachevé... Longue nuit de froidure dont les morsures déchirent mes yeux désertés de larmes sur lesquels les premiers rayons d'un soleil blafard révèlent les ecchymoses d'un voyage interdit...

Publié dans Poésies

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C
Une porte interdite parce qu’il est des voyages d’où on ne revient pas…<br /> Et pourtant l’étreinte de ces ombres nous attirent<br /> Même si ce texte est, au demeurant, assez noir<br /> Il en émane une beauté émouvante<br /> Merci Antine@ de ces mots…<br /> (Dans un style différent sur mon blog… Asphalte et tu comprendras)
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A
<br /> Merci à toi d'être venue et de t'être arrêtée devant La porte des ombres...<br /> Je ne suis pas étonné que tu aies été sensible à ce texte qui m'a demandé beaucoup de travail parce que c'est un lieu que je vois tous les jours mais qui m'évoque tant d'images qu'il était<br /> difficile de les exprimer...<br /> Je vais aller lire ton texte dans la journée... Promis...<br /> Je t'embrasse...<br /> <br /> <br />
L
C'est superbe, cet univers me touche beaucoup...(Je ne sais plus comment je suis arrivée sur ton site, mais je suis bien tombée).
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A
<br /> Merci... Le hasard (mais est-ce lui ?) fait bien les choses... Si tu as aimé ce texte, j'en ai écrit un autre que tu trouveras en suivant ce lien... Il devrait te plaire aussi...<br /> J'aime ces ambiances inquiétantes et angoissantes... Alors j'essaie d'associer aux textes, celles de mes photos qui s'y prêtent le mieux...<br /> Encore merci d'être venue...<br /> Bisous<br /> <br /> <br />
D
dans la torpeur de la nuit,se reveillent les mots démons,<br /> pour s'agiter au bord du lac de mes pensées..<br /> faisant surgir ma douleur,perchée sur ces monts,<br /> vetus de brumes,ou s'éxilent les coeurs oppressés..<br /> -------------------------------------<br /> ton texte est magnifique...dans sa douleur...<br /> amitiées..
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A
<br /> Ta visite me touche beaucoup parce que tes mots sont l'écho exact de ce que j'essaie de faire dans de nombreux textes : faire de la beauté avec de la douleur...<br /> <br /> Tu l'as compris... Tu l'as ressenti...<br /> Merci de ta sensibilité...<br /> Amitiés<br /> <br /> <br />
L
Porte fermée, porte abandonnée; fenêtre brisée, fenêtre blessée sur une demeure vide, inhabitée.. il en est parfois de même pour nous.. yeux blessés, regard fermé sur une âme vide et inhabitée.. mais toute demeure peut, un jour, reprendre de l'éclat si quelqu'un, un jour, attiré par ce lieu, s'arrête, regarde et décide d'y poser son empreinte..<br /> Je t'embrasse..<br /> Lara
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A
<br /> Tu as vraiment l'art et la manière de filer la métaphore... Tes mots sont émouvants et je t'avoue qu'en écrivant ce texte, en choisissant cettephoto, je ne pensais nullement à ta façon de le<br /> voir... Ton regard éclaire ces murs d'une teinte nouvelle...<br /> Merci d'âtre venue poser tes yeux sur la porte des ombres...<br /> Je t'embrasse...<br /> <br /> <br />
L
On sent profondément l'inspiration qui naît de cette photo... <br /> Brrr... tu fais peur avec ton texte, moi je ne mets pas les pieds dans cette maison !<br /> Heureusement je ne connais pas d'ombre qui ne soit pas portée par une lumière...<br /> Et puis, il faut parfois franchir cette "porte des ombres" pour se rendre compte qu'à défaut d'un voyage interdit, un autre t'attend derrière...<br /> Bisous.
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A
<br /> Tu as raison, la porte de cette maison fait peur... C'est un lieu qui existe réellement et que je connais bien mais je sais que je ne franchirai pas cette porte... Il est des voyages vraiment<br /> interdits...<br /> Je t'embrasse<br /> <br /> <br />